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Fiche éclairage n°3 Genèse des compétences clés |
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Les 8 domaines de compétences clés tels que définis par le cadre de référence européen sont issus du croisement de plusieurs histoires. |
La mondialisation
Deux tendances sont à l’œuvre. L’une est d’inspiration plutôt humaniste, idéaliste et philosophique. Elle s’exprime, par exemple, dans un rapport remis à l'Unesco en 1996 par la commission internationale sur l'éducation pour le 21e siècle, présidée par Jacques Delors : « L’éducation un trésor est caché dedans ».
Ce rapport définit 4 piliers nécessaires à l’apprentissage : apprendre à connaître, apprendre à faire, apprendre à être et apprendre à vivre ensemble. En 1999, un nouveau rapport remis à l’Unesco par Edgar Morin décrit "Les 7 savoirs nécessaires à l'éducation du futur".
L’autre tendance a des fondements plutôt économiques. Elle est portée notamment par l’OCDE qui veut offrir aux gouvernements un outil d’évaluation et de cohérence des politiques d’éducation pour répondre aux enjeux de la mondialisation. L’OCDE incite les pays adhérents à travailler sur des critères communs et partagés. Elle s’appuie sur le rapport EILA sur la base d’enquêtes menées dans 20 pays entre 1994 et 1998. Ce rapport met en lumière une corrélation étroite entre les aptitudes à la lecture et à l’écriture dans un pays et ses performances économiques.
Dès 1997, l’OCDE lance ainsi un programme international pour le suivi des acquis des élèves de 15 ans, baptisé PISA. Cette enquête triennale est reconnue pour sa pertinence et son approche novatrice reposant également sur la notion de littératie.
En parallèle, l’OCDE lance, la même année, un programme de Définition et sélection des compétences (DeSeCo), regroupant des chercheurs et universitaires de nombreux pays.
Le programme DeSeCo classe les compétences clés en 3 catégories :
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- Se servir d’outils de manière interactive
1.A Utiliser le langage, les symboles et les textes de manière interactive
1.B Utiliser le savoir et l’information de manière interactive
1.C Utiliser les technologies de manière interactive
- Interagir dans des groupes hétérogènes
2.A Établir de bonne relation avec autrui
2.B Coopérer, travailler en équipe
2.C Gérer et résoudre les conflits
- Agir de façon autonome
3.A Agir dans le contexte global
3.B Élaborer et réaliser des plans de vie et des programmes personnels
3.C Défendre et affirmer ses droits, ses intérêts, ses limites et ses besoins
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L’émergence du cadre européen
Le conseil européen réuni en conférence à Lisbonne en 2000 constate qu’un tiers de la main d’œuvre est faiblement qualifiée. Pour y remédier, il s’agit, entre autres, de « promouvoir de nouvelles compétences de base, notamment dans les technologies de l’information et améliorer la transparence des qualifications… ». Ce sont les prémices du cadre européen à venir.
La lutte contre l’illettrisme et l’adaptation aux technologies numériques sont particulièrement ciblées. La conférence fixe des objectifs aux systèmes européens d’éducation : « Ils doivent devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde, capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale. » C’est pourquoi « l’éducation et la formation tout au long de la vie doivent permettre l’acquisition de compétences en technologies de l’information, langues étrangères, culture technologique, esprit d’entreprise et aptitudes sociales ».
Chaque année depuis la conférence de Lisbonne, la commission européenne réitère la nécessité d’un cadre conceptuel de compétences de base. D’autre part, les enquêtes mondiales du suivi des élèves à 15 ans jouent comme une prise de conscience au niveau des États membres et aboutissent, en 2006, à la naissance du cadre européen des compétences clés.
C’est le début d’une histoire « économico-éducative » où les bonnes pratiques, les normes communes et les indicateurs de performances deviennent centraux.
La déclinaison française
De Condorcet à Jules Ferry et jusque dans les années 2000, les politiques se sont souciés de « ce que nul ne peut ignorer 1 ». Dès l’institution de l’école publique, gratuite et obligatoire, en 1882, a prévalu l’intention de construire l’égalité des chances en donnant à tous accès à un système commun de culture. En 2005, c’est ce qui a également conduit à l’élaboration du socle commun de connaissances et de compétences.
Il définit ce que tout élève doit maîtriser à la fin du collège.
Tout comme la formation initiale, la formation continue des adultes, influencée par le même esprit humaniste, s’est tournée vers le cadre européen plutôt que vers celui du programme DeSeCo.
Informations complémentaires
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1. Jules Ferry, discours de 1882
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